C’est un sujet qui a émergé dans plusieurs pays comme l’Allemagne et l’Italie en Europe par exemple ; où les développeurs et EPC ont commencé à faire face à des problématiques de performance de leurs centrales. Alors qu’étymologiquement le mot a plutôt une consonance positive puisque cela les répéter.
Quand le verre est à moitié plein
Lorsque nous nous sommes penchés sur le cas du repowering, nous avons commencé par évaluer ses aspects positifs.
Tout d’abord, c’est une source de revenus additionnels. De nombreuses sociétés, qu’elles fournissent des produits ou des services, peuvent bénéficier de cette opportunité de marché.
Ensuite, les propriétaires et exploitants de centrales peuvent tirer le maximum de leur investissement en continuant à progresser et à optimiser leur actif.
Enfin, pour certains projets, il est possible d’améliorer les performances financières en bénéficiant de l’opportunité offerte par la baisse du prix du matériel. Cependant, il est vrai que seuls sont concernés les projets ayant préalablement bénéficié d’un tarif d’achat généreux avec des prix de modules solaires cinq à dix fois plus chers que ce qu’ils ne sont aujourd’hui. Mais c’est une aubaine qui ne se représentera probablement pas, en tout cas dans son ampleur, car les prix sont désormais si bas que le gain financier en valeur absolue serait bien moindre.
Voir la réalité en face – quand le verre est à moitié vide
Au-delà de ses quelques aspects positifs, la pratique du repowering pour les modules solaires pose surtout des questions.
En ce qui concerne le bénéfice à court terme, pour un nombre limité d’acteurs, lié à une opportunité de marché, il n’est pas sûr que cela puisse être une grande source de satisfaction. Ce n’est pas parce qu’une marée noire a un impact économique positif qu’il faut pour autant s’en réjouir. Remplacer d’anciens modules avec des nouveaux peut également s’avérer difficile en fonction des réglementations en place, comme c’est le cas en Allemagne ou en Italie. C’est pourquoi s’assurer que les choses fonctionnent du premier coup est un pari plus raisonnable. En tant qu’industrie, nous avons également des devoirs liés à l’environnement. La production de modules solaires requiert de l’énergie et des matières premières. L’objectif à atteindre est donc un solde net positif entre l’énergie nécessaire à la fabrication et celle restituée tout au long de la vie d’un module solaire. Afin de fournir le surplus d’énergie nécessaire au fonctionnement de nos sociétés complexes. Nous satisfaire d’une certaine obsolescence programmée au sein de notre industrie serait une défaite intellectuelle. En particulier parce que ce n’est pas nécessaire et rentable.
Pour la plupart des projets de repowering nécessitant le remplacement de modules, des problématiques de qualité en sont à l’origine. Et cela devrait être une source de réflexion pour notre industrie et pour le marché de manière générale. En effet, lorsqu’une part significative des modules d’un projet ont besoin d’être remplacés à cause de leur piètre performance, en particulier au cours des premiers mois ou des premières années, ce n’est pas quelque chose de trivial. Et encore moins lorsque plusieurs marques sont en cause. C’est un accident industriel et un très mauvais signe corroborant les conclusions de nombreuses études s’intéressant aux défaillances matérielles. Cela mène à trois conclusions :
– il est possible de progresser dans la sélection des matériaux et les process qualité de manière générale. La fiabilité est loin d’être garantie dans notre industrie alors que c’est la base de notre existence. Nous avons déjà souligné ce fait en partageant les résultats de DNV-GL Scorecard 2017.
– la certification devant empêcher la mortalité infantile ne permet pas de l’éviter. Il faut donc que les fabricants continuent de progresser et prennent leurs responsabilités.
– les acheteurs de modules doivent être conscients de ce fait et arrêter de penser que les modules sont de simples commodités interchangeables alors que la qualité n’est pas homogène au sein de l’industrie.
“Houston, on a un problème”
Voici notre définition du repowering lorsque des modules doivent être remplacés. C’est quelque chose de non planifié, ni même anticipé et non désiré parce que ce n’est pas sensé se produire. Donc oui, c’est un affront pour l’industrie toujours prompte à se vanter de la fiabilité de sa technologie. En effet, il est possible de fabriquer des modules qui durent. Mais cela nécessite une obsession des fabricants au moins équivalente à celle qu’ils ont pour la réduction des coûts, et au marché de réaliser que les modules photovoltaïques ne sont pas encore des commodités, s’ils le sont un jour.